Compte rendu du G.A.T. de la réunion avec l'ANAES du 27/09/2004.

L'ANAES est chargée par le ministère de la santé de faire un état des lieu sur les questions trans’. Leur but est de définir une prise en charge optimale pour la sécurité des patients. Pour cela ils vont faire le tour du monde des publications scientifiques et pratiques internationales, consulter les CPAM, le ministère de la santé et les professionnels de santé. Ils vont élaborer un arbre décisionnel pour sécuriser les prises en charge --->édictions de “bonnes règles”.

La Haute Autorité de Santé remplacera l'ANAES au 01/01/2005, mais le service Nomenclature continuera sa mission. Le dossier trans' ne sera pas fini. Le Haut Comité Médical de la sécurité sociale sera aussi remplacé par la Haute Autorité de Santé. Ses services comme ceux de l'ANAES seront sous la tutelle de Haute Autorité de Santé. Cette Haute Autorité de Santé sera indépendante du pouvoir politique, ce seront les évolutions médicales et scientifiques qui seront leur ligne de conduite.

La réunion a commencé par un tour de table. Lors de son tour, Tom a présenté la résolution de l'AG des Trans’ voté à l'unanimité en citant aussi les organisations présentes (Trans’ aide Lorraine, ASB, PASTT, THIRESIAS, GAT, Commission trans d'Act-Up Paris) et en précisant que cette AG était celle des trans’ qui ne sont dans aucune association ou groupe d'entraide.

C'est Denis Jean DAVID qui présidait et parfois c'est Sun Hae LEE-ROBIN qui prenait le relais en posant des questions (sans que cela soit dit).

Durant tous les échanges, les mots “transsexuelLE” et “transgenre” ont été utilisés dans une sorte d'opposition. Après les présentations, la confusion est augmentée du fait que plusieurs intervenantEs parlaient en même temps, les unEs réagissant aux propos des autres soit pour renchérir ou apporter un complément, ajoutant à la cacophonie du départ. Finalement Denis Jean DAVID essaie de modérer sans y parvenir complètement mais c'est tout de même mieux.

Hélène dit que l'état des lieux est catastrophique parce qu’une poignée de médecins s’est taillée une baronnie sur les trans’. A partir d’une étude américaine qui a établit que les trans’ américaines sont la communauté qui a le plus souffert du Sida (une autre etude, faites sur certaines trans afro-americaines de San-Francisco établit un taux de seroconversion de 60%!), elle se demande si on ne retrouverait pas des chiffres similaires en France. Ce sont les plus discriminéEs qui sont les plus vulnérables, même pas prises en compte par les protocoles officiels.

Camille, Hélène et Yann parlent de choix. Est-on trans par choix, ou est-ce quelque chose qui s’impose à vous?
Morgane parle de souffrance.
Hélène préfère parler de colère (sortir de la victimisation).
Armand précise que c'est pas vraiment un choix, c'est pour aller mieux. Le choix qu’il veut mettre en avant c'est celui du médecin de l'accompagnement médical.

A plusieurs reprises certainEs parlent «d'aller jusqu'au bout» et Sun Hae LEE-ROBIN reprenait ces termes, Camille et Hélène demandent c'est quoi aller au bout! Le bout c'est le bout de soi-même, et c'est pas le même pour tout le monde!

A plusieurs reprise également Camille et Hélène demandent que l’ANAES fassent quelque chose pour le numéro de sécurité sociale, qu'il soit adapté à la demande des usagerEs pour faciliter leur insertion. Que de ce numéro dépend l’acceuil dans les services hospitaliers, pour (des soins ou se faire dépister). Les quatre représentant de L’ANAES répètent à plusieurs reprises que ce n'est pas dans leur mission, et qu'ils ne peuvent pas s'occuper de cette question. Quelqu'un leur suggère de faire remonter cette demande au ministère et au service compétent.

On reparle de la dépsychiatrisation.
Hélène évoque le problème qu’il n’y a pas qu’un discours psy sur les trans. Chaque école de psychiatrie et de psychanalyse a sa théorie et même à l’intérieur des différentes obédiences certains psys ne sont pas d’accord avec d’autres: autant s’en tenir au principe de la liberté individuelle et de la libre disposition de son corps.

Yann décrit ses rapports et ses séances de test avec les psys de l'équipe médicale parisienne, particulièrement humiliants. D'autres ajoutent leurs témoignages ou ceux recueillis dans les associations, sur le manque de respect, les insultes, la non communication des résultats, l’obligation de se conformer aux attentes du psy, donc devoir cacher des choses, voire mentir. Absurdité du test de vie réelle sans hormones, ce qui fait régresser le patient dans sa crédibilité et lui abime sa vie sociale.

Tom parle de l'habitude de psychiatriser ce qu'on ne comprend pas ou n'accepte pas. Dans les années 50 et avant, on réprimait les gauchers et les enfants adultérins alors qu'actuellement plus personne n'y fait attention. L'homosexualité est sortie du DSM-IV. Ca fait 50 ans que les trans’ ont des solutions, qu'ils vont mieux en adaptant leur corps à leur identité et que les psys n'ont pas fait la preuve d'une maladie mentale. Ques les tests sont inadaptés pour faire un diagnostic et que ça coute 150 € alors qu'un bon clinicien le voit rapidement.

Denis Jean DAVID dit qu'il n'est pas possible de dépsychiatriser tant que le transsexualisme est dans le DSM-IV.

Armand renchérit sur Tom sur la façon dont l'homosexualité à été dé-psychiatrisée et sur le fait de revoir leur pratique pour aller vers l'aide à l'auto diagnostic.

Sun Hae LEE-ROBIN a insisté pour tenter de comprendre les définitions (transgenre, transsexuel) sans qu'une réponse satisfaisante soit fournie. Elle parle d'équipes médicales, nous faisant craindre le pire. Autant on peut admettre des spécialistes pour ce qui est de la chirurgie ou de l’hormonothérapie, autant tout le monde redoute de se voir recréer un goulot d’étranglement avec des psys omnipotents.

Plusieurs personnes précisent qu'il faut pouvoir choisir ses médecins, que ceux-ci doivent être volontaires et se former à cette spécialité... MONSTREY (Belgique) est cité en exemple par Armand, il est allé se former aux 4 coins du monde, il est actuellement le plus grand spécialiste en chirurgie dans cette spécialité. Les échanges internationaux sont nécessaires pour se tenir informé des progrès sur ces questions.

Pour Tom, psychiatriser ne veut pas dire démédicaliser. Indépendemment du DSM-IV, il est possible à la France de décider de retirer le transsexualisme de sa propre nomenclature psychiatrique, c'est ce que nous demandons. C'est politique. Si les trans’ n'arrivent pas à obtenir l'intégration de la transphobie dans la loi c'est parce qu'on ne discrimine pas des malades mentaux. On ne nous écoute pas parce que nous sommes des malades mentaux. Vous qui êtes médecins, vous pouvez constater à quel point nous n'avons rien à voir avec des patients de psychiatrie, même si nous avons notre façon de voir le monde que vous ne partagez pas forcément (à travers notre genre). De plus, il est souhaitable aussi de se pencher sur les questions intersexes, de cesser d'intervenir précocément sur les enfants intersexes.

Camille réagit immédiatement en disant que c'est un problème génétique et que les transgenres ont des chromosomes normaux.

Armand complète l'explication de Tom: des bébés intersexués, opérés dés l’enfance juste selon le désir des parents, deviennent transgenres à l'age adulte, on les a transsexualisés de force!

Sun Hae LEE-ROBIN constate sous les témoignages convergents que la déontologie médicale n'est pas respectée dans ces cas. Elle demande des infos sur les prises en charge en Allemagne et au Québeq. Alexandra parle de la situation en Allemagne. Pour la partie médicale, c'est plus facile qu'en France. Les équipes médicales sont assez rigides avec un protocoles de 2 ans mais la chirurgie est bonne. Armand complète en précisant qu'il y a aussi des équipes médicales qui suivent les recommandations de la HBIGDA et qui en sont membres, il y a aussi plus de professionnels de santé. Diane dit qu'au Québec il s'agit d'un diagnostic précisant l'absence de maladie mentale (diagnostic différentiel), qui consiste en 2 visites chez le psychologue, une chez le psychiatre et 3 chez le sexologue. Il y a 2 circuits: un privé et un public. Dans le public, une opération par mois avec prise en charge de l'assurance maladie. Pour le privé, les assurances complémentaires du privé, l'assurance maladie de l'armée et des fonctionnaires prennent aussi en charge. Les trans' contaminéEs par le VIH ne sont pas excluEs des protocoles. Elle a adopté sans problème une petite fille qui avait 5 ans et qui en a maintenant 11.

Hélène évoque l'échec scolaire chez les jeunes trans’, qui les rejette dans la marginalité. La prise en charge des adolescents doit pouvoir être faite. L'ANAES veut des références de pratique.

Il faut des règles aussi pour les intersexes. Pourquoi seulement 2 sexes?

Sun Hae LEE-ROBIN dit qu'ils nous recontacteront pour les définitions.

Hors réunion, Armand précise que selon la Commission internationale de l'état civil en Europe, le sexe est une donnée privée comme la couleur de la peau et la religion. La suppression de cette mention des divers documents administratifs et d'identité serait profitable à tous. En quoi cette données est-elle pertinente? On accepte bien de ne plus mettre la couleur de la peau ou la religion, pourquoi ne pas faire de même pour le sexe?

 

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